JO d’hiver 2010: Une maison réservée aux homosexuels
Source : Le Quotidien (Franta)
Grande première dans l’histoire des Jeux Olympiques : l’hiver prochain, à Vancouver, les athlètes homosexuels bénéficieront d’un endroit où ils pourront se retrouver «entre eux».
Voilà une initiative qui risque de faire couler beaucoup d’encre. Les organisateurs des Jeux olympiques d’hiver 2010 (organisés du 12 au 28 février) viennent d’annoncer que les athlètes homosexuels auront leur propre pavillon au sein du village olympique de Vancouver. Baptisé «Pride House» (Maison de la fierté en Vf), ce lieu de rencontres permettra aux athlètes gays et lesbiennes de se retrouver entre eux, avec leurs parents et leurs amis. Ce pavillon olympique d’un nouveau genre comprendra une aire de repos, un bar et des téléviseurs, ainsi qu’un espace pour les interviews avec les journalistes. Il restera ouvert du 8 février au 21 mars, soit durant les JO, mais aussi durant les Jeux paralympiques. Objectifs : faire évoluer les mentalités. C’est en tout cas ce qu’espèrent les responsables à l’initiative du projet. Pour eux, aucune dérive communautariste n’est à craindre. Bien au contraire. «Au Canada, les gays peuvent vivre pratiquement normalement, mais un athlète homosexuel n’a absolument pas la même liberté», explique ainsi Dean Nelson, l’un des concepteurs, qui regrette que «l’homophobie soit encore si présente dans la culture sportive».
Et pour tenter de convaincre les foules, les responsables citent en exemple le nageur canadien Mark Tewksbury qui avait remporté l’or aux JO de Barcelone en 1992. Pour fêter son titre, le nageur souhaitait se rendre dans un bar gay de la ville, avant de finalement renoncer. «J’ai eu peur de rentrer et de me retrouver en face de journalistes. Je ne voulais pas attirer l’attention sur mon orientation sexuelle. A cette époque, seule une amie proche était au courant de mon homosexualité», raconte l’ancien champion. «Désormais, ils (les athlètes homosexuels) auront le choix. Alors qu’avant, c’était comme si l’homosexualité n’existait pas.»
Il paraît toutefois peu probable de voir les athlètes profiter de cette initiative, plutôt stigmatisante, pour faire leur coming out. Le concept ne fait d’ailleurs pas l’unanimité au sein de la communauté gay. Plusieurs sites ont d’ores et déjà fait part de leur crainte de voir ce lieu se transformer en terrain de chasse idéal pour les paparazzis…