La crise économique remet en cause la „durabilité” des Jeux de Vancouver

Publicat pe 15 septembrie, 2009

From: Le Monde

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A cinq mois des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver (du 12 au 28 février 2010), Sylvain Lefebvre et Romain Roult, respectivement directeur et administrateur principal du Groupe de recherche sur les espaces festifs du département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, estiment que la ville canadienne aura du mal à tenir son pari d’organiser les premiers Jeux „durables” de l’histoire de l’olympisme.
Vancouver est-t-elle prête pour accueillir ses Jeux ?
L’ensemble du parc olympique est prêt à accueillir ce méga-événement. Toutefois, cette dernière ligne droite risque d’être difficile d’un point de vue financier selon le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver (Covan) lui-même.
Alors que plus de 60 % des dépenses prévues pour l’organisation des JO restent à venir, le Covan vient d’apprendre que deux de ces principaux partenaires (la filiale canadienne de General Motors et la multinationale des télécommunications Nortel), qui lui doivent encore plus de 500 000 euros, ne sont pas certains de pouvoir assumer leurs obligations en raison du contexte économique morose.
Malgré un excédent budgétaire de 80 millions d’euros au premier trimestre de 2009 sur un budget global estimé à près de 1,3 milliard d’euros, le Covan et surtout la ville de Vancouver voient rouge. En effet, la municipalité a consenti un nouveau prêt de 65 millions d’euros au promoteur du village olympique pour qu’il termine les travaux de construction à temps, car ce dernier n’avait plus aucune liquidité à l’automne 2008.
Cette opération immobilière, initialement privée, s’est transformée en une réalisation publique pour laquelle les contribuables risquent de payer une facture globale de près de 700 millions d’euros. Cela vient s’ajouter à l’augmentation du budget lié à la sécurité des JO, qui a été multiplié par sept depuis 2003, passant de 110 millions d’euros à près de 770 millions d’euros.
Vancouver a placé ses Jeux sous le signe du développement durable. Est-elle en passe de tenir son pari ?
 
Vancouver a fait le pari de la durabilité de ses installations olympiques, mais la crise économique mondiale ainsi que certains choix financiers viennent assombrir ce tableau urbain. Une emphase particulière a été mise sur la concentration spatiale des sites de compétitions, sur la circulation des athlètes et des spectateurs via les transports en commun et sur la construction de bâtiments écologiques.
Cependant cette notion de durabilité se retrouve surtout dans la gestion du legs olympique. Chaque équipement construit ou aménagé pour les JO l’a été dans une optique de réutilisation post-olympique profitable pour l’ensemble de la communauté et au travers de partenariats public-privé inédits.
Toutefois, cette vision post-Jeux très pertinente est remise en cause ou tout du moins freinée par la crise économique et la diminution des investissements privés. Il est donc raisonnable de se demander si Vancouver réussira son pari ou si cette dernière devra oublier certaines ambitions de développement urbain.
Quels sont les éléments qui vous font douter de cette réussite ?
La diminution estimée de près de 30 % de la part du privé dans ce projet olympique (10-15 % en avril 2009 contre 40-45 % en 2003-2004) ainsi que l’augmentation de la spéculation foncière depuis l’obtention des Jeux (ville la plus chère du Canada pour l’immobilier) viennent ternir cette image olympique et risquent de limiter les effets post-olympiques bénéfiques pour la population locale.
Concrètement, à quels effets doivent s’attendre les habitants de Vancouver ?
La reconversion de plusieurs logements du village olympique en appartements de luxe, la hausse de 60 % des frais de scolarité pour les étudiants de l’université Simon-Fraser en raison de la construction de l’anneau de vitesse sur le campus et la privatisation de plusieurs installations sportives après les Jeux sont autant de solutions mises en avant par les élites locales pour limiter les effets de cette crise. Si ces dernières se réalisent, la durabilité du legs olympique s’éteindra juste après le départ de la flamme et fera sûrement ressurgir les vieux démons de l’échec post-olympique montréalais.

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